Marier l’écologie et l’économie via le partage et la fonctionnalité

26 Juin, 2024 asemaphore-CSRinfluencers

Conjuguer économie et écologie est souvent difficile, car la première cause des dommages importants à la deuxième. Néanmoins, de nombreuses initiatives, associations et entreprises développent de nouvelles idées pour créer une économie sociale et durable. L’une d’entre elles est l’économie du partage et de la fonctionnalité.

L’économie du partage gagne en importance en Suisse

L’économie du partage et/ou de la fonctionnalité rompt avec l’idée qu’il faille acheter le bien pour l’utiliser. Dans cette nouvelle dynamique, on paie pour l’utilisation (sa fonctionnalité) et non pas pour sa possession. L’exemple classique est la bibliothèque de quartier où on emprunte des livres que d’autres ont lus avant vous et liront après vous, au lieu de prendre la poussière chez vous. Souvent, les prix sont plus abordables et cela permet d’accéder à des biens de meilleure qualité.

Les investissements dans ce secteur montent en flèche. Selon Deloitte, 12 milliards ont été investis et 55% des consommateurs pensent recourir à une plateforme d’économie de partage.

Au niveau des entreprises, on retrouve Airbnb et Uber ainsi que les espaces de coworking. Même s’il faut néanmoins nuancer les bienfaits environnementaux et sociaux de telles entreprises (l’ubérisation produit des travailleurs avec peu de protection sociale et déresponsabilise l’entreprise de ses obligations envers ses collaborateurs), l’économie de partage ne doit pas être rejetée en bloc. En effet, des initiatives plus locales surgissent avec de véritables impacts positifs et durables. L’une d’entre elle est la Manivelle.


La Manivelle, une bibliothèque d’objets

La Manivelle fonctionne comme une bibliothèque classique. Via un abonnement, le client peut emprunter un objet parmi son catalogue de plus 4’000 biens allant du matériel de fête au bricolage. Il suffit de le rendre à l’une des succursales de la Manivelle (MACO, Thônex, Pâquis) ou un point de collecte dont Foound fait partie désormais.

Les fameux bienfaits pour la planète

Avec l’économie de partage et de fonctionnalité comme pour la Manivelle, le besoin d’acheter diminue. ZeroWaste Switzerland mentionne qu’ une voiture suisse est remplie en moyenne par 1,53 personne en plus d’être parquée 95% du temps alors qu’il y a près de 4,8 millions de véhicules ! Il est facile de comprendre que carsharing réduirait la consommation et donc la production d’automobiles et par ricochet, l’extraction, l’utilisation d’eau et d’énergie et autres ressources nécessaires à leur création. ZeroWaste Switzerland présente également le cas d’une perceuse qui n’est utilisée que 13 minutes en cours de sa vie, en acheter une est donc une perte d’argent et de temps. Si elle était empruntée, elle servirait plus souvent et à nouveau, le besoin d’en produire de nouvelles diminuerait ainsi que le nombre de perceuses qui finiraient à la poubelle. De plus, les entreprises telles que la Manivelle ont des services de réparation pour les objets qu’ils proposent à la location, ce qui augmente leur durée de vie et diminue la production de déchets. 

Au niveau social, comme dit précédemment, les initiatives locales ont également mission d’apporter leur contribution que ce soit en soutenant des causes sociales ou bien en intégrant des personnes en situation d’handicap. Pour les géants comme Uber, plus de réglementation est à prévoir afin de lutter contre le dumping salarial. Pour information, 21% des Suisses seraient en faveur d’une plus grande régulation de l’économie du partage.

Retrouvez la Manivelle sur www.manivelle.ch et Foound sur www.foound.ch

Quand la nature inspire l’art

1 février 2024, 2023asemaphore-CSRinfluencers

La nature offre de nombreux services écosystémiques tels que la stabilisation des sols ou l’irrigation, mais il existe un pan de services qui sont moins valorisés comme ceux culturels. La nature peut servir d’inspiration pour l’art, de l’architecture à la création de bijoux. Les artistes utilisent la nature pour ses ressources naturelles, l’intègrent dans leurs créations ou font passer un message écologique au travers de l’art. Par exemple, la céramiste Ana-Bélen Montero intègre des grains de céréales dans la porcelaine afin de laisser une trace esthétique. Mériadec Le Clainche fait des sculpteurs où l’oxydation naturelle fait partie de l’œuvre en elle-même.

Je vous présente deux exemples où la nature s’intègre parfaitement dans l’art. 

L’Art nouveau, l’art de la nature

L’Art nouveau est un courant artistique qui se développe pendant la Belle Epoque (fin du XIXe) en Belgique puis en France. Il se caractérise par des formes en courbe qui représentent des éléments naturels tels que des fleurs, des animaux ou des végétaux. Le mouvement s’inspire de l’arrivée de l’industrialisation de l’Europe et se prénomme ainsi à cause du nom de la galerie de Sigfried Bing à Paris qui en a exposé beaucoup. Il conteste la séparation entre les beaux-arts et les arts appliqués et donc entre l’ornement et la production industrielle. La surproduction amenait souvent un manque de beauté des objets que l’Art nouveau voulait apporter, alliant fonctionnalité et beauté. Les découvertes en zoologie et en botanique servirent d’inspiration pour les artistes de l’Art nouveau. On y retrouvera donc des cygnes au courbes élégantes, des créatures exotiques et provenant des fonds marins, mais également des monstres issus de la mythologie.

AETESIS, le bijoutier actuel de Foound

Plus récemment, de nombreux artistes ont continué de se servir de la nature comme d’une muse. AETESIS est un joaillier basé chez Foound qui crée des bijoux et des objets d’art unique en plus de promouvoir l’artisanat par le biais de vidéos explicatives. L’idée est d’apporter du réalisme et des formes naturelles en jouant avec les couleurs et des matériaux tels que l’émail ou le bois. AETESIS cherche à produire un style de bijou nouveau et se démarquer de la haute joaillerie qui ne jure que par les matériaux dits de luxe comme l’or alors qu’avec de la roche, de la pierre brute ou de la céramique, il est tout à fait possible de créer des pièces de joaillerie élégantes.   

On retrouve cette recherche de courbes élégantes de l’Art nouveau chez AETESIS en plus de vouloir mettre en avant des formes naturelles. La nature nous fournit de nombreux services écosystémiques et son influence artistique est une nouvelle raison de la protéger.

Ana 

La slow fashion vs la fast fashion

13 décembre 2023, 2023asemaphore-CSRinfluencers

Le 25 et 26 novembre 2023, s’est tenu le Fair Fashion Weekend organisé par Bubble Ethics chez Foound, un espace de co-working et d’événementiel durable que je vous ai déjà présenté dans des articles précédents (voir l’entrepreneuriat durable au féminin). Cet événement a permis de mettre en lumière des artisans de la slow fashion, un contre-courant de la fast fashion. 

Pourquoi la fast fashion est un problème écologique et social ?

La fast fashion est un concept qui a débuté dans les années 1990. Il s’agit d’un mode de production de vêtements accéléré proposant plusieurs collections par mois à petits prix, souvent de qualité médiocre. Ceci a encouragé une consommation toujours croissante de vêtements : 130 milliards ont été achetés par an dans le monde entre 2000 et 2014, et rien qu’en Suisse, chaque habitant acquiert environ 80 nouveaux articles par an (quatre fois plus qu’il y a vingt ans). De plus, ces vêtements ne sont souvent portés que sept ou dix fois et près de 80% de notre garde-robe n’est même jamais utilisé.  L’industrie de la mode est donc extrêmement polluante avec 1,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre par an !

De plus, les vêtements de la fast fashion sont produits dans des conditions sociales déplorables. Oxfam France a estimé que sur un t-shirt vendu en Europe à 29 euros, les ouvrières (car ce sont souvent des femmes, les exposants à des cas de harcèlement sexuel, la fast fashion est donc également un problème féministe) ne gagne que 0,18 euros pour un temps de travail de près de 12 heures !

Qu’est-ce que la slow fashion ?

La slow fashion est donc un contre-courant à la fast fashion qui émerge dans les années 1990 également. La chercheuse Kate Fletcher la définit comme “un ensemble de pratiques qui célèbrent la diversité de la production et de la consommation textile et la notion de plaisir, tout en prenant en compte les limites des ressources à notre disposition. Cela concerne tant le cycle de design, de production et de consommation d’un vêtement, que sa fin de vie.” L’idée est de promouvoir des vêtements de qualité avec des matières stables qui allongent la durée de vie d’où un prix parfois élevé. De plus, les employés sont rémunérés équitablement et travaillent dans de bonnes conditions, mettant en valeur un savoir-faire souvent local. Les valeurs de la slow fashion promeuvent une consommation consciente et limitée de la mode en proposant une production moins intensive et en moindre quantité , la transparence et la durabilité dans les modes de production.  

La slow fashion s’inscrit donc dans une démarche de consommation consciente et minimaliste, voire de contre-consumérisme, basé sur le besoin réel et non pas l’envie compulsive. Si cela vous intéresse, l’association Bubble Ethic soutient les artisans locaux et les créateurs éthiques dans le but de sensibiliser sur les modes de vie plus durables.

Ana

L’entrepreneuriat durable au féminin

10 avril 2023, 2023asemaphore-CSRinfluencers

Fanny Arnaudo est une entrepreneuse en durabilité basée à Genève. Dans sa recherche de sens dans son travail, elle a créé en 2015 Foound, une entreprise sociale composée d’un restaurant, d’un espace de coworking et d’une résidence d’artistes qui est proposée gratuitement. Elle a pu ainsi mettre plus de durabilité dans son travail et vivre en accord avec ses valeurs. 

Après des études en droit public international, une école supérieure de commerce et un master en entrepreneuriat, elle a travaillé pour de grandes entreprises. Ne s’y retrouvant plus, elle s’est progressivement orientée vers de plus petites structures afin d’être plus en accord avec sa vision.  « J’ai toujours été intéressée par la durabilité et l’entrepreneuriat. J’ai travaillé dans l’e-marketing, mais je perdais contact avec mes intérêts alors j’ai créé le travail de mes rêves. Un emploi qui soit plus solidaire, qui soutient les personnes que j’ai à cœur de soutenir et qui soit inclusif, offrant un espace qui est librement utilisé dans le cadre de la charte de Foound. »

Parmi les différentes actions mises en place, il y a la mobilité douce avec des vélos cargo, des trocs, du mobilier de seconde main, un restaurant avec des produits de saison et au label Fait Main etc. Fanny organise également des événements et propose aux membres et à des acteurs externes d’y créer leurs événements également. Foound a obtenu le label BCorp qui met en avant des entreprises avec des exigences environnementales et de gouvernance élevées. Pour tenir cet espace, Foound fait du troc de services : les bénévoles donnent cinq heures de leur temps en échange de place de coworking. Ceci a permis à Fanny de monter son entreprise en étant bien entourée, car l’entrepreneuriat peut être une activité solitaire. 

Le fait d’être une femme ne lui a pas paru un frein dans son aventure, elle a néanmoins perçu quelques difficultés. « En tant que femme, c’est vrai qu’on est moins prise au sérieux. Notre espace est communautaire donc il y a des règles, mais les utilisateurs testent plus nos limites parce que je suis une femme.  » Elle soutient des organisations féministes et a rejoint les Genuine Women, un groupe de femmes entrepreneuses, à qui elle donne accès gratuitement à l’espace.

La durabilité est donc un véritable engagement pour Fanny. Néanmoins être durable n’est facile, car comme elle le dit, « la durabilité est partout, dans les moindres détails ».

Son restaurant propose une carte qui varie en fonction des saisons et il est labellisé Fait Main.

Son restaurant, par exemple, propose une carte des plats qui n’est pas fixe, car le menu varie en fonction des saisons. Cela peut créer de la frustration, car les clients qui ont apprécié un certain plat, peuvent être déçus de ne pas le voir dans la carte la prochaine fois qu’ils reviennent. Un travail de sensibilisation des consommateurs doit donc être fait. Il y a aussi des coûts plus élevés : on ne peut pas acheter des produits à l’étranger où c’est moins cher, car c’est plus polluant. Les frais de labels sont également chers et demandent du temps et de l’investissement pour les acquérir. 

Mais Fanny fait le choix de la durabilité avec plaisir, cela lui a permis d’attirer des personnes comme elle et de créer un écosystème plein d’énergie qui « se renouvelle et une structure vivante qui se nourrit dans un cercle vertueux pour tous et toutes et la société. »

Les conseils qu’elle donnerait à toute femme voulant se lancer de l’entrepreneuriat durable serait de bien se renseigner et de savoir prioriser les tâches, car on ne peut pas tout faire. « Il faut jongler entre le temps accordé à une activité et son efficacité. Être flexible est une force, mais il on doit se poser des limites. Il faut aussi ne pas hésiter à bien s’entourer (des parents et amis qui ont donné un coup de main pour les travaux) et de chercher des aides pour des conseils plus spécifiques. Finalement, on doit garder une vision transversale et globale de la durabilité. » 

Ana

Être certifié BCorp en tant que PME : l’exemple de Foound

14 août 2023, 2023asemaphore-CSRinfluencers

Il existe de nombreux labels dans le monde de la RSE, mais un qui a gagné en l’ampleur est la certification BCorp, au point que même de grandes entreprises s’en sont emparées. En effet, ce label démontre que « des entreprises (…) répondent à des normes élevées en matière de performance sociale et environnementale, de transparence et de responsabilité légale. ». Ces entreprises remplissent un questionnaire, le B Impact Assessment, qui couvre les domaines de gouvernance, de bien-être des employés, du droit des consommateurs, de l’environnement et de la communauté. Si elles obtiennent un score de minimum 80 sur 200, elles acquièrent la certification et rejoignent la communauté BCorp. Malgré de nombreux avantages, un des obstacles majeurs à toute labellisation est la charge de travail requise qui peut rebuter de plus petites structures. J’ai eu l’occasion d’en discuter avec Fanny Arnaudo, fondatrice de Foound qui a obtenu cette certification bien que Foound soit une petite entreprise avec une équipe limitée.

Bonjour Fanny, merci d’avoir accepté cette interview. Pourrais-tu m’expliquer en quoi ça a été important pour toi d’entamer ce processus de certification BCorp ?

Foound est une structure indépendante et autonome avec des activités lucratives et non lucratives. J’ai eu à cœur de mettre la durabilité au centre de mon modèle d’organisation, mais je suis consciente que c’est un modèle unique qui peut ne pas être compris par tous. Avec la certification BCorp, je me montre transparente dans mon mode de fonctionnement et elle apporte de la clarté dans la grille de lecture de Foound. L’organisation BCorp a organisé des formations dans nos locaux et le fondateur m’a conseillé d’acquérir la certification. C’est comme ça que je suis entrée en contact avec eux.

Comment était le processus de labellisation pour toi ? Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

Il était long et coûteux. Il demande du temps et des efforts supplémentaires. C’est un réel engagement que de commencer un processus de certification BCorp, car il faut fournir de nombreuses pièces comptables et remplir un long questionnaire. On peut se faire aider par des consultants formés à accompagner les entreprises dans le processus de labellisation. Leur rémunération est libre en fonction de nos moyens, mais la certification en elle-même me coûte 1’000 francs suisses par an, car c’est en fonction du chiffre d’affaires. En plus, il faut obtenir 80 points sur 200 et ce n’est pas si facile !

Malgré le coût de la certification, est-ce que ce label t’a apporté des avantages ?

Comme je l’ai expliqué, il apporte de la clarté dans la grille de lecture de Foound. De plus, il s’accompagne de points d’améliorations qui permettent, par exemple, d’optimiser la durabilité et le bien-être des employés. Il y a aussi la possibilité de rejoindre la communauté BCorp et de participer aux événements et ateliers de formation. D’ailleurs, le questionnaire couvre de nombreux domaines et il faut fournir des informations telles que le chiffre d’affaires donc cela montre qu’on est transparent.

Après avoir obtenu cette certification, quelles sont les prochaines étapes ?

Les entreprises certifiées sont auditées tous les deux ou trois ans et elles doivent refaire le questionnaire, mais uniquement sur les deux dernières années pour garder le label.

Quels conseils donnerais-tu aux petites entreprises qui se demandent si elles doivent se faire certifiées ?

Le label BCorp permet de mieux se structurer et de s’auto-évaluer surtout quand on est une petite organisation où on est facilement pris par plusieurs tâches. Il n’y a pas de véritable organisme de contrôle de la durabilité en entreprise, ce label valorise donc ce que nous faisons à Foound et permet de faire le bilan. Cependant, le processus de certification demande beaucoup de temps et parfois des modifications coûteuses si on n’est pas durable de base. Il est possible qu’on doive faire de gros changements en interne et là aussi, c’est onéreux. Néanmoins, j’en suis globalement satisfaite, car il m’a permise de développer des partenariats et d’attirer des clients qui partagent mes valeurs et qui sont tout aussi engagés dans la durabilité. Finalement, je dirais que la certification apporte une crédibilité en plus.

Merci Fanny pour ces conseils précieux. Si je résume, voici les raisons pour lesquelles même les petites entreprises devraient se faire certifier.

  1. La certification apporte de la clarté sur votre mode de fonctionnement.

  2. C’est une preuve de transparence et de durabilité de votre entreprise.

  3. Elle vous oblige à mieux vous structurer et à faire le bilan de vos actions de responsabilité et de durabilité.

  4. Elle valorise vos actions de durabilité.

  5. Elle attire des partenaires et des clients qui partagent vos valeurs.

  6. Elle vous oblige à faire mieux au niveau de la responsabilité et de la durabilité.

Ana